Jean Roubier

français
|
1896 - 1967

Jean Roubier est un photographe français né en 1896, dont les œuvres sont caractéristiques de « la photographie pure à la française » (Jean Leplant). 

Si la majeure partie de son œuvre permet de le qualifier de photographe illustrateur, il fut aussi photographe reporter, lors notamment de la Libération de Paris, ainsi que portraitiste. Enfin, Jean Roubier est un des représentants de la tendance humaniste de la photographie française, aux côtés de Robert Doisneau.

Jean Roubier n’est venu à la photographie qu’à l’âge de trente-cinq ans. Après avoir été grièvement blessé pendant la guerre de 1914-1918, Roubier retrouve la vie civile pour travailler au Crédit Foncier de France. C’est lors de l’Exposition coloniale de 1931, qui eut lieu du 6 mai au 15 novembre, qu’il achète son premier appareil photographique et décide de changer de profession.

Le 23 aout 1931, il devient membre de la Société Française de Photographie et ouvre dans la foulée un studio de portraits photographiques.

Il rencontre par hasard Georges Duhamel, sa voiture ayant crevé devant le porche de la maison de l’écrivain. L’amitié qui découle de cette rencontre va orienter les débuts de carrière de Jean Roubier. Georges Duhamel l’introduit auprès de journaux qui recherchent des tirages pour illustrer leurs articles. Roubier publie pour la première fois une photographie en octobre 32, dans le magazine « Toute l’Edition ». Il commence avec cet organe de presse une collaboration régulière qui va durer jusqu’en 1940, date de la disparition du magazine. 

En 1932, Roubier réalise les photographies destinées à illustrer le livre de Georges Duhamel, l’Humaniste et l’automate. Ces photographies définissent ce qui fait le style de Jean Roubier : un cadrage réfléchi inspiré des principes de composition picturaux, un dépouillement destiné à servir l’idée que véhicule l’image, un choix de sujets lié aux notions humanistes et à la mise en valeur de la culture française.

Roubier fait sienne la réflexion de Duhamel sur le rôle de stimulant pour l’intellect de la photographie : « La photographie n’est pas une image en soi, mais une matière qui incite à imaginer »(Georges Duhamel).

Lorsqu’il fonde l’association « Le Rectangle », Sougez fait tout naturellement appel à Roubier pour faire partie des membres fondateurs, avec d’autres représentants de la photographie humaniste française, tels que Pierre Adam, Marcel Arthaud, Yvonne Chevalier et André Garban.

Dans le n°33 (juin 1938) de la revue Photos-Illustrations, dans lequel Sougez publie le manifeste du Rectangle, ce sont deux photographies de paysage (le paysage naturel, Printemps breton, le paysage urbain, Quai Voltaire,) que Roubier choisit de publier pour représenter sa démarche en photographie.

Lors de la déclaration de guerre de 1939, Roubier est mobilisé et blessé sur la Ligne Maginot. Démobilisé en 1940, il s’installe au 18 rue de Liège à Paris. Pendant la guerre, il se consacre au portrait et publie peu, ne voulant pas collaborer avec une presse au service de l’occupant. Il utilise alors ses compétences de photographe pour aider la Résistance (reproduction de données).

Lors de la Libération de Paris, il accompagne Georges Duhamel à travers la ville et réalise un reportage sur le vif des premiers instants de liberté des Parisiens. Par la suite, Roubier fait partie de l’aventure de Combat, le premier journal libre à paraître à la Libération et se consacre à la création des nouvelles instances professionnelles de la photographie.

Dans les années 50, Jean Roubier, qui a repris ses activités de photographe illustrateur, effectue de multiples voyages en France et à l‘étranger.

En 1956, il fait paraître un ouvrage de référence, La photographie et le cinéma d'amateur chez Larousse, afin de transmettre au plus grand nombre l’amour de la technique et l’ouvrage bien fait. Ce texte fait encore référence pour toute personne désirant pratiquer la photographie argentique.

Les photographies de Jean Roubier, toujours en noir et blanc, illustrent plusieurs centaines d’ouvrages et de manuels de classe. Leur rigueur a modelé le regard de nombreux amateurs de photographie durant les trente glorieuses.

Jean Roubier décède en 1967

Les trente-deux photos illustrant L’humaniste et l’automate font partie des collections du Centre Beaubourg.

 

 

Sources :

Céline Glatard, « Jean Roubier et Georges Duhamel », Études photographiques, 33. Automne 2015,

Le blog de Jean Leplant, Histoire de photographies.

Conférence de Michel Rager, petit-fils du photographe (13 novembre 2016) et le site que Michel Rager consacre au fonds photographique de Jean Roubier