Les chatons et la théière

Cette oeuvre a été réalisée à la fin du XIXème siècle ou tout début du XXème.Elle est encadrée d'un joli cadre d'origine en pitchpin et stuc doré de style Régence.
Le tableau de E. Perretton est présenté sur la photographie en accrochage avec A la corbeille blanche , un fixé sous verre de Anne Mandeville.

Cette attachante huile sur panneau représente deux chatons fascinés par la vapeur d'eau qui sort de la théière. Ils suivent du regard les ondulations de la vapeur, prenant cette mouvance embrumée pour un jouet potentiel. Cependant, ils ne bougent pas et leurs corps ne présentent pas les caractéristiques du chaton se préparant par la pensée à agir. Le peintre a bien saisi le mouvement intérieur qui les agite : la théière est chaude et donc doit être évitée pour ne pas se brûler. Mais ce petit serpent qui s'enroule en sortant de son bec mobilise tous leurs instincts de chasseurs. Ne pas y aller est l'action à choisir, mais comment résister à l'attrait de l'attaque?

Autant qu'une description aigue et sensible de la mentalité des petits félins, ce tableau peut être vu comme une allégorie entre le désir et la raison. Lorsqu'on perçoit à juste titre son désir comme dangereux, il faut toutes les forces de la raison pour rester immobile à le contempler. Rêver mais ne pas réaliser. Savoir contempler son désir sans y céder. Une belle oeuvre, à la fois légère et profonde, où le peintre a mis toute sa virtuosité.