Dès les débuts de la peinture, pendant l'Antiquité, les objets, les fleurs et les fruits sont représentés dans des intensions décoratives et symboliques. On en voit les traces notamment à Pompéi. On retrouve plus tard dans la peinture flamande, les objets considérés comme seuls sujets d'un tableau. Ils sont le plus souvent investis d'une signification spirituelle : la réflexion sur le passage de l'homme dans le monde, la brièveté de l'existence et l'aspiration vers le divin.
C'est à partir de Louis XIV que les objets deviennent une expression de l'émotion artistique, sans lien religieux ou métaphysique. On ne met plus la nature morte en face de son prie-Dieu pour réfléchir mais dans son salon pour en profiter. Avec Chardin et ses suiveurs au XVIIIème, la nature morte est le témoin de l'existence quotidienne des propriétaires des objets. Au fil des siècles elle devient partie intégrante du travail du peintre et c'est un des talents qu'il doit maîtriser.
Le passage à l'art moderne se fait aussi par les objets : c'est la pomme vue par Cézanne qui ouvre la voie sur une autre appréhension des volumes. C'est le premier pas vers le cubisme et l'abstraction. Les installations d'art contemporain qui mobilisent essentiellement des objets pourraient-elles être vues aujourd'hui comme des natures mortes en 3D ?