Bacchanale

Armand Point a utilisé de l'encre, du lavis d'encre et de la gouache blanche pour réaliser cette œuvre. Elle est encadrée avec un beau cadre en bois doré contemporain. Cette œuvre représente un grand satyre musclé qui nourrit un chien des reliefs d'un sacrifice. Deux Bacchantes en proie à l'ivresse laissent tomber leurs coupes. C'est une scène d'ivresse et de transgression, à la fois suggestive et intrigante. Ce tableau est mis en regard d'un poème de Verlaine dans notre exposition virtuelle : Fêtes et Scènes Galantes.

L'artiste s'est amusé à intervenir sur plusieurs niveaux : le sujet est pensé de manière à nous faire accéder au fur et à mesure à différents niveaux de compréhension. Au premier abord, ce qui frappe, c'est le bel ordonnancement classique qui se présente à nous : le beau satyre musclé sur la droite, la Bacchante lascivement étendue au premier plan, avec le chien traditionnel qui occupe le milieu de la scène.

Puis l'on est frappé par l'impression qu'il y a plus à voir. Le traitement du trait et des touches de gouache est imprécis. L'artiste maîtrise son art mais évoque volontairement l'ivresse en utilisant des hachures tremblées. On remarque que le satyre pourrait être ithyphallique, que le sourire de la Bacchante allongée est moins de séduction que de profonde ébriété. La référence classique s'efface pour des références plus trivialement humaines.

Enfin, le jeu du satyre avec le chien prend tout son sens si on l'observe bien. Avec un long bâton, le Satyre nourrit le chien, espèce infernale, des restes d'un sacrifice destiné aux Dieux. C'est un acte de sacrilège, d'outrage aux vertus sociales et religieuses. On se retrouve face à la vraie signification de la bacchanale : le manque de respect et la provocation poussés dans leur ultime limite. Dans cette œuvre, Armand Point nous livre donc à la fois ses connaissances profondes de l'Antiquité et des bassesses de l'âme humaine.