La Brasserie Lipp

La Brasserie Lipp est présentée en accrochage avec une œuvre de Jean Bellissen Composition N°I. L'œuvre est encadrée avec une caisse américaine noire.

La Brasserie Lipp, sur le boulevard Saint-Germain, a été un des hauts lieux de la vie littéraire parisienne à la fin du XXème siècle. Ceux qui y entraient se voyaient accueillir par les garçons en tabliers blancs qui les menaient au premier étage en leur disant : "Nous avons pour vous une table excellente, très bien placée". 
Si l'on comptait dans le Tout-Paris de la littérature, il fallait alors répondre :
- Non, je veux rester au rez-de-chaussée. Je vois là mon ami "insérer le nom d'un écrivain ultra-connu" qui m'attend. Et là, voyez, "insérer le nom d'un autre écrivain ultra-connu" me fait signe.
Le garçon secouait alors la tête :
- Je dois en parler au patron
Commençait alors une attente qui durait proportionnellement avec la notoriété de l'impétrant. Il ne faisait pas bon, pour celui qui attendait son invité, et était déjà installé à une de ces tables convoitées du rez-de-chaussée, d'aller à la rencontre de sa connaissance. Il savait que, s'il le faisait, il aurait droit à un temps de purgatoire au premier étage. Enfin le garçon revenait, ouvrait la marche avec un royal geste de bienvenue et vous étiez introduit dans le saint des saints.
Et comme cela, tout le monde était content. Le péquenot trônait ravi à sa table du premier étage, et les gloires littéraires mesuraient leur importance aux minutes d'attentes qui leur avaient été imposées :
Et chacun de jauger :
- Tu as vu, Untel a été introduit tout de suite. C'est que sa chronique dans Lire a du plaire au patron. Par contre, Duchemol poireaute encore. Il aurait mieux fait de ne pas s'encanailler avec ...
Mais chut, il y a des secrets que l'on ne dévoile pas!