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Née à Vienne en 1884, Lily Steiner, née Hoffman, est une artiste accomplie – peintre, lithographe, illustratrice- qui a du se battre contre les préjugés de son pays et de son époque pour pouvoir être reconnue en tant qu’artiste. Grâce à sa ténacité - et à un bon mariage - elle a pu évoluer au côté des artistes de la Sécession et a peint des œuvres fortes comme le prémonitoire Composition Baroque qui, en 1938, anticipe les pires dérives de l’antisémitisme.


Lilly Steiner Composition baroque 1938 Öl auf Leinwand 146 x 97 cm © Belvedere, Wien
Bildquelle: Österreichische Galerie Belvedere

A Vienne, être formé à l’art et exposer est quasi impossible pour les femmes

La société viennoise du début du XXème siècle est très rigide en ce qui concerne les libertés des femmes et plus encore lorsque celles-ci osent prétendre être des artistes. Les écoles d’art leur étaient tout simplement interdites. Le seul moyen pour Lily Steiner de se former est donc de fréquenter la Kunstgewerbeschule (fondée en 1867) ou école des arts appliqués qui, elle, est accessible aux femmes. En effet, pour les Viennois, les arts appliqués ne sont pas de l’art avec un grand A.

Mais, par chance, qui sont les professeurs de cette école ? Les artistes de la Sécession tels que Moser, qui n’ayant pas encore percé, cherchent à boucler leurs fins de mois. Lily Steiner acquière donc une solide formation artistique et noue des liens d’amitiés durables avec les artistes de la Sécession.


Egon Schiele (PORTRAIT OF A WOMAN (LILLY STEINER)), watercolor and black crayon on paper, 1918

Un bon mariage et l’exil: les indispensables pour se construire en tant qu’artiste

En 1904, Lily épouse l'industriel Hugo Steiner. Ce mariage lui ouvre les portes de la haute société viennoise où elle est très active. Ils suivent tous les deux avec passion les développements de l'avant-garde artistique et font construire et décorer une maison par des artistes de la Sécession.
Cette demeure au toit en tonneau conçue par Adolf Loos en 1910 fait scandale et constitue un manifeste incontournable de la modernité en architecture.


Steiner House by Adolf Loos, Photo by Jean-Pierre Dalbéra © Flickr

En parallèle, Lily Steiner continue à peindre avec acharnement. Mais, pour les femmes, impossible d’adhérer aux grandes associations d’artistes soutenues par le gouvernement et sans l’adoubement desquelles on ne peut pas exposer ses œuvres.

La qualité de la peinture de Lily Steiner et la force de sa personnalité en font une exception : l’association Hagenbund accepte exceptionnellement d’exposer ses œuvres. Elle y rencontre Egon Schiele qui fera quatre portraits d'elle. Elle est aussi un membre du Club de la Gravure fondé par les membres de la première promotion féminine de la Kunstgewerbeschule pour tenter de faire reconnaitre leurs oeuvres.

C’est finalement après son exil à Paris, en 1927 après l'effondrement de l'Empire austro-hongrois qu’elle commence à avoir la carrière artistique que la misogynie viennoise lui dérobait. Elle fréquente Man Ray, dont elle peint le portrait en 1928. Elle expose au Salon des Indépendants et en galeries aux côtés d’artistes tels qu’André Derain, Raoul Dufy ou Edouard Pignon.

Ci-dessous une des oeuvres de sa période parisienne.


JARDIN DE BOULOGNE-BILLANCOURT de Lily Steiner, Huile sur toile, 1955

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