Raymond Legueult
" Subtil mais sans préciosité, sensuel sans impudeur, aussi spontané que réfléchi, grave dans l’émerveillement " Claude Roger-Marx, Le Figaro, 1973
Raymond Legueult est un peintre, illustrateur, graveur, lithographe et décorateur de théâtre français né en 1898.
Raymond Legueult est issu d'une famille d'artiste et entre à seize ans, à l'École des arts décoratifs, après avoir abandonné une école de commerce. Il y rencontre Maurice Brianchon, avec lequel il se lie d'une profonde amitié qui durera toute leur existence. En 1917, à dix-neuf ans, il est mobilisé et, malgré l'Armistice, il ne retrouve la vie civile qu'en 1920.
Legueult reprend sa formation artistique et étudie dans la classe d'Eugène Morand, le père de Paul Morand, qui saura lui enseigner la liberté de ton et d'inspiration. En 1922, il gagne une bourse de voyage grace à l'exposition à la Société Nationale des Beaux-Arts de trois cartons de tapisserie sur le thème de Adam et Eve. Il utilise cette bourse pour partir en Espagne avec Brianchon copier les grands Maîtres du Prado. Il expose au Salon d'Automne dès son retour en 1923. Dix ans plus tard, la galerie Georges Bernheim lui décerne le Grand Prix de la Peinture.
La réalité poétique
Dans le courant des années 20, Legueult réalise de nombreux décors de ballet et de théâtre avec son ami Roland Oudot. C'est la galeriste, Marcelle Berr de Turique, qui expose aussi Raoul Dufy, qui lui organise sa première exposition personnelle dans sa galerie Le Portique.
Il fait partie du groupe des peintres de la Réalité poétique. En 1949, c'est la critique d'art et journaliste Gisèle d’Assailly qui a eu l'idée d'identifier sous cette dénomination un ensemble de huit peintres de la même génération, liés par l'amitié et la même notion de l'esthétique, ainsi que la fidélité au figuratif. Ces peintres avaient tous déjà connu la notoriété avant-guerre, mais face à la montée en force de l'abstraction et le succès grandissant de la Deuxième Ecole de Paris, il leur fallait une identité sous laquelle pouvoir parler.
Une méthode réfléchie et originale
Legueult travaille lentement, il ne livre que cinq ou six toiles par an, et une douzaine d'aquarelles. Il execute sur le motif de nombreux croquis, accompagnés de notations, qu'il utilise en atelier pour maturer sa réflexion. Il s'imprègne de ses ébauches pour n'en tirer que l'essentiel, toujours à la poursuite d'une émotion. "Je ne dessine que lorsque j'éprouve une émotion profonde. Alors m'étant bien imprégné du motif, ma main court rapidement" (cité par Lydia Harambourg). Il ne signe que les œuvres qu'il considère comme abouties, ce qui ne l'empêche pas de reprendre ensuite ses toiles tout au long des années. C'est son épouse Emilienne qui lui sert de modèle pour ses représentations féminines.
Passeur de liberté
Raymond Legueult est aussi passionné par la transmission. Dès 1932, il enseigne à l'École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. Après la seconde guerre mondiale, il assure une classe à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et est nommé professeur chef d'atelier en 1957. De 1952 à 1968, il va marquer la nouvelle génération des peintres figuratifs qui sortiront de l'Ecole. Paul Ambille, prix de Rome 1955 fut son élève, mais aussi des peintres abstraits comme Claude Viallat ou Marc Baumann.
Raymond Legueult décède en 1971.
Ses œuvres figurent dans les collections du Musée national d'Art Moderne de la Ville de paris, du Musée du Petit Palais, ainsi que du Musée des Beaux-Arts d'Helsinsky et du Met de New York.
En 1986, le Salon des Artistes Français lui rend hommage en organisant une rétrospective de son œuvre.
Sources :
Le site dédié à l'artiste publié par l'association "Les amis de Legueult".
Bibliographie :
"Legueult". Marcel Zahar. Flammarion. 1961.
Hommage à Raymond Legueult. Salon des artistes français. Paris. Catalogue. 1986.
Lydia Harambourg. L'école de Paris. 1945-1965.
Photographie.
Legueult dans son atelier en 1941©association "les amis de Legueult"