André Masson
Né en 1896 à Balagny-sur-Thérain, Oise, André Masson est formé tout jeune aux arts décoratifs : dès 11 ans, il entre à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles où il apprend la décoration murale. Il en sort à 18 ans avec un premier prix de décoration et décide alors d’entreprendre une carrière d’artiste peintre. Il s’inscrit à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris, où il fréquente la classe du fresquiste Paul Baudoüin. Diplômé au printemps 1914, il commence à peindre en Italie puis en Suisse, avant d’être appelé sous les drapeaux en 1915. Grièvement blessé au Chemin des Dames, et gravement traumatisé par les combats, il refuse de rejoindre le front et passe le reste de la guerre en internement. A l’instar d’Otto Dix ou Henry de Waroquier, ses recherches picturales sont définitivement marquées par les horreurs de la guerre et le désarroi psychique dans lequel il se débat.
Après la guerre, il fréquente Montparnasse et s’installe rue Blomet, où il se lie d’amitié avec Miro. Les deux peintres partagent un temps le même atelier. Masson rejoint le mouvement dadaïste et se lie avec de nombreux écrivains, tels Limbour, Aragon, Artaud ou Desnos. Sa rencontre avec Breton s’avère décisive et en 1924, il fonde avec ce dernier le mouvement surréaliste. Il transpose en peinture la notion d’automatisme et se lance dans de toutes premières tentatives d’abstraction gestuelle, en projetant des jets de sables sur des toiles fraichement encollées. Repéré par le marchand de Picasso, Kahnweiler, il signe en 1922 un contrat avec sa galerie et réalise en 1924 sa première exposition personnelle.
Breton n’appréciant pas la vitalité inventive de Masson, ce dernier est contraint comme beaucoup à quitter le mouvement surréaliste, afin de préserver sa liberté créatrice. Il consolide alors ses liens avec Georges Bataille et illustre l’Histoire de l’œil. Multipliant les expériences, il allie décoration d’intérieur (l’appartement de Pierre David-Weill), la gravure, la lithographie et le dessin (série des Massacres pour la revue Le Minautore), les illustrations de livre (Justine de Sade) et les décors et costumes de scène pour les Ballets Russes de Monte-Carlo. La guerre d’Espagne provoque en lui une profonde réaction de rejet comme le montre son œuvre le Jet de Sang, 1936, Paris, Musée national d'art moderne.
Au début de la deuxième guerre mondiale, il a 44 ans et décide de s’exiler. Il s’installe en Martinique, puis à New-York et se fixe en Nouvelle Angleterre, où il exerce une profonde influence sur des peintres comme Calder ou surtout Jackson Pollock. Le renouveau pictural qui saisit les jeunes peintres new-yorkais au lendemain de la guerre doit beaucoup à l’apport d’André Masson.
De retour en France, il continua à exercer son art dans de multiples directions. La peinture de chevalet reste son moyen d’expression privilégié, avec plusieurs grandes rétrospectives, en 1964 à l'Akademie der Kunst de Berlin puis au Stedelijk Museum d'Amsterdam, en 1965 au Musée national d'art moderne de Paris et en 1976 au Moma de New-York puis au Grand Palais. Au cœur de l’activité culturelle parisienne, il livre aussi de somptueux costumes pour le Tête d’or de Paul Claudel ou les décors de théâtre inspirés de la Putain respectueuse de Sartre. En 1965, Malraux lui commande la réalisation du plafond de l’Odéon.
André Masson s'éteint en 1987 à Paris.
Vie privée : André Masson épousa Rose Malklès, dont l’une des sœurs fut l’épouse de son ami Georges Bataille avant d’épouser Jacques Lacan en secondes noces. Ses deux fils épousèrent deux sœurs, filles de l’architecte Fernand Pouillon qui fit de sa maison du Tholonnet un havre de paix.