La foule

Cette œuvre de David Giles est présentée accrochée au-dessus d'une sculpture de Louis-Emile Cana, Jeune Italienne.

Une ambiance vibrante se dégage de ce tableau. Les couleurs sont républicaines, et la foule est en marche ! La référence au tableau de Delacroix, La Liberté guide le peuple, se retrouve inversée dans ce tableau mobilisateur de David Giles. Au lieu de se projeter en avant, la foule recule. Au lieu d'être vêtue, elle est nue, au lieu d'affronter, elle tourne le dos.

Il y a là toutes les interrogations du XXème siècle : est-ce vraiment vers le progrès que l'histoire est en marche ? Six ans avant mai 68, cette œuvre traduit le climat d'incommunicabilité entre les êtres, l'impression d'errance et de manque de but, ce ras-le-bol qui fera se lever la jeunesse. Mais elle traduit aussi la force qui s'accumule avant d'exploser.

Pour le spectateur/regardeur contemporain qui, soixante ans plus tard, se laisse porter par ce tableau, la force émotionnelle est intacte. On trouve dans la contemplation de ces corps aux membres raides, dans cet enchevêtrement de silhouettes, un stimulus incontestable.
Ce tableau porte en lui une énergie qui donne envie de réagir, suscite le besoin de protester.