La nappe bleue

 Sur une table recouverte d’une nappe bleue, une coupe avec quelques fruits voisine une bouteille. Ce tableau est encadré d'une caisse américaine noire.

La couleur bleue domine la composition, mais elle n’est pas uniforme : des éclats rouges affleurent sous la surface, comme si la nappe vibrait intérieurement. Ce bleu parcouru de rouge agit moins comme une simple couleur de fond que comme une vibration colorée, oscillant perpétuellement entre calme et intensité. Les fruits — pommes et poires — émergent de cette matière, modelés par de larges touches fermes.

Le bleu, chez Berdal, est une couleur spirituelle, liée à l’intériorité et à la pensée. Le rouge, au contraire, évoque la vitalité, le sang, l’énergie du vivant. Leur fusion dans la nappe donne au tableau une valeur symbolique : la table domestique devient le lieu de rencontre entre contemplation et pulsation vitale.

La composition, volontairement sobre, repose sur l’équilibre entre masses claires et sombres. Les fruits semblent à la fois posés dans la coupe et flottants, comme suspendus entre la matérialité de la table et l’abstraction du champ coloré. Cette ambiguïté — stable et instable à la fois —  traduit la fragilité du présent, toujours au bord du basculement.

La nappe bleue est ainsi une méditation sur la couleur comme langage de l’existence. La nappe est traversée d’énergies contraires, où le quotidien se charge d’une intensité spirituelle. Face au rouge de l'élan vital, la bleau transmet l'importance de l’intériorité, de la pensée. Il enveloppe les fruits et les met à distance, comme pour les protéger de l’usure du temps.

À travers cette toile, le peintre montre comment un simple fragment de vie domestique peut devenir une fenêtre vers l’infini.