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Furetante : Pragmatique, tu ne vas pas le croire : aujourd’hui en salle des ventes, j’ai assisté à un cours de psychologie en live !

Pragmatique : Comment ça ? Tu n’étais pas focalisée sur les tableaux, pour une fois ? Je ne peux pas le croire !

Furetante : Allons, allons, parfois je m’intéresse aussi aux gens. Tout est arrivé à cause d’un tableau de Monticelli...

Pragmatique : Ce peintre dont il y a tant de faux qui circulent ?

Furetante : Lui-même ! Cela se passait dans une petite vente courante. Soudain, au milieu de peintures sans importance, le commissaire-priseur propose à la salle un paysage de Monticelli. Mise à prix : 20 euros.

Pragmatique : C’est très bas, ça !

Furetante : Oui, cela revenait à estampiller la toile comme fausse . En général, personne ne s’y trompe.

Bref, j’entends rigoler les clercs qui assistent le commissaire-priseur.

Les clercs : Tu as vu ce faux Monticelli! Quelle croûte ! Le faussaire ne s’est pas donné beaucoup de peine ! Qui va être le jobard qui va tomber dans le panneau ?

Les enchères montent quand même progressivement. 50-75-180 euros!

Les rires des clercs se font plus appuyés.

Les clercs : Ce n’est pas un paysage qu’ils devraient acheter mais un tableau représentant un pigeon ! Comme ça, ils pourront dire que c’est leur autoportrait !

Les enchères atteignent 250 euros Le commissaire-priseur s’apprête à adjuger, pensant avoir obtenu le maximum.

Les clercs : Ça, c’est une adjudication qui parle d’elle-même. On voit que c’est bien un faux, ce tableau.

Contre toute attente, les enchères reprennent. Elles montent et montent encore : 550 euros ! Je me retourne pour voir la salle. Il y a trois marchands qui s’affrontent.

Confusion et remous parmi les clercs.

Les clercs : Tu crois qu’il pourrait être vrai ce tableau… Quand même, il n’est pas très beau…

Le rythme des enchères s’accélère : 650-700-850 euros !

Les clercs : C’est à se demander. Il est peut-être bon. C’est vrai qu’il est assez beau. Il y a de la pâte…

900- 950- 1000 euros !

Les clercs : Ah, ce tableau, il n’y a pas à dire : c’est un vrai ! Tu sais, quand je l’ai vu, je me suis tout de suite dit, c’est un bon ! Et qu’est-ce qu’il est beau ! Tu sais, j’ai toujours eu du nez !

1600 euros, adjugé !

Les clercs : Ah, vraiment, ce Monticelli était magnifique. L’acheteur est chanceux ! Il l’a vraiment eu pour une bouchée de pain.

Furetante :Et voilà, tu vois, Pragmatique, comment les avis changent vite au sein de la meute humaine. De vrais moutons de Panurge !

Le plus drôle, c’est que, à la fin de la vente, je suis tombée sur l’expert de la maison de vente. Il m’a dit : "J’ai analysé ce tableau. Pas de doute, c’était un faux !"

Pragmatique : Mais enfin, il est vrai ou faux, ce tableau ?

Furetante : Ça, on ne saura jamais…

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