Amour en bleu

Un couple stylisé se détache sur un fond bleu, absorbé par la tendresse qui les relie. L'un des visages a la peau sombre et les cheveux noirs, l'autre la peau blanche et les cheveux blonds. Des nuages duveteux traversent le ciel. Tout est espoir et harmonie.

Charles Hoffman est belge. Ce tableau, peint en 1953, juste avant le début des guerres d'indépendance du Congo belge, a une immense portée symbolique. Deux femmes, l'une noire et l'autre blanche, se tiennent quasi joue contre joue, avec une profonde affection. Entre elles deux, le soleil se lève. C'est une allégorie des espoirs de réconciliation et de concorde entre colonisés et colonisateurs. C'est un espoir de paix. Le peintre a-t-il cru que cette paix et cette amitié entre deux "peuples" se feraient au sein de l'Empire belge, ou avec des états africains libres et indépendants? Nul ne peut le dire. Mais il a peint deux femmes porteuses d'espoir. Et la bienveillance avec laquelle la femme noire regarde la femme blanche, les yeux fermés de la femme blanche en signe de repentance semble dire que le peintre espère que par les femmes arriveront le pardon et la compréhension mutuelle.

Le tableau est encadré d'un simple tasseau de bois brut, qui souligne la pureté du style. Cette peinture a une particularité singulière : elle attire ou repousse la lumière de manière contrastée. Très claire lorsqu'elle est éclairée de plein fouet, elle devient sombre en lumière rasante. Elle doit donc être accrochée dans un endroit lumineux ou disposer d'un éclairage électrique bien conçu pour pouvoir être appréciée pleinement. La photographie de l'accrochage des œuvres de Charles Hoffman que détient la galerie ( dernière vignette), réalisée avec une source de lumière naturelle venant de gauche, montre cette nécessité.