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Pénombre
signé en haut à gauche
Dans une ambiance bleutée, une coupe en verre transparent est chargée de fruits qui semblent prêts de tomber tant ils sont entassés les uns sur les autres.
Ce tableau est encadré d'une caisse américaine noire.
Alex Berdal choisit le moment fragile où la lumière, sans avoir tout à fait disparu, ne parvient plus à dissiper l’ombre.
On devine à peine la coupe, et la masse des fruitsse confond avec l'obscurité du fond. Rien n’est clairement exposé, tout est absorbé par la lumière finissante.
La composition repose sur des contrastes imperceptibles au premier abord : un fruit accroche la clarté, l'autre au contraire absorbe la lumière, et offre au regard une masse obscure. L’œil cherche à identifier, à nommer, mais Berdal retient volontairement le détail. La peinture devient ici une expérience de la limite : voir sans vraiment voir, se tenir dans cet entre-deux où la perception hésite.
Cette hésitation constitue l'essence même du tableau. La pénombre, plus que la nuit, incarne le temps de la transition. Elle évoque l’instant où une présence s’efface, sans que l’on sache encore quand va se produire le basculement. Les fruits, à demi cachés par le manque de luminosité, semblent autant promesses de vie qu’ombres de ce qui a été.
Il y a dans cette toile une forte intensité spirituelle. La pénombre n’est pas seulement visuelle, elle est métaphysique : elle figure ce que l’homme perçoit de son existence, entre clarté de la conscience et zones d’opacité où se loge l’inconnu.
Pénombre nous apprend à accepter que le monde n’offre pas toujours des contours nets, qu’il garde ses réserves de mystère. Dans cette obscurité qui commence à s'installer, le temps ralentit, se suspend. La peinture nous invite à contempler non pas ce qui est, mais ce qui se retire, comme une lumière qui s'éteint.