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La France a entrepris depuis plusieurs décennies un travail sur elle-même en accueillant dans la notion d’« art » des domaines qui jusqu’alors n’étaient pas du tout considérés comme artistiques. À partir de 1981, la mode, le design, l’art alimentaire voient ainsi reconnaître leur dimension artistique sous l’impulsion de Jack Lang alors ministre de la Culture. On tente de dépasser l’idée élitiste et exclusive selon laquelle l’art se limite strictement aux Beaux-Arts.

Mais cette idée a la peau dure et on la voit ressurgir :

  • « C’est un professeur de dessin ! »
  • « Il a surtout fait des illustrations de livre ! »
  • « C’est un décorateur de théâtre ! »

Autant de phrases que l’on entend encore prononcées par des critiques d’art et des journalistes.

Le besoin très français d’étiquetage admet en effet difficilement que les artistes puissent avoir une double ou une triple casquette. C’est comme si le titre d’artiste était inconsciemment refusé à toux ceux qui ont une activité en dehors de l’exercice des Beaux-Arts et, encore pire, osent vivre de cette activité annexe. Le mythe du peintre maudit du XIXème, brûlant sa vie dans une soupente non chauffée et se consacrant à son art jusqu’à mettre sa vie en danger reste ancré dans l’imaginaire collectif. L’idée d’un artiste qui gagnerait sa vie autrement que par son art n’est pas encore totalement acceptée. Mais, c’est un fait : certains artistes attendent la reconnaissance de nombreuses années. À ses débuts, un artiste aussi talentueux qu’Ingres en était réduit à jouer du violon et à donner des leçons dans les salons bourgeois, d’où l’expression « avoir un violon d’Ingres ».

Un artiste contemporain doit souvent compléter son travail sur son œuvre picturale par des activités immédiatement rémunérées et, la plupart du temps, il choisit des activités dans lesquelles son inspiration peut s’exprimer : décors de théâtre, dessins de presse, travail de graphiste, créateur de jeux vidéo, professeur de dessin…

Ces activités annexes intègrent une dimension artistique et sont bien souvent un terrain de jeu pour un artiste qui s’en sert pour enrichir son processus de création. Et ce qui à une époque n’est pas considéré comme de l’art le sera peut-être plusieurs années plus tard. Cela a été le cas des dessins de presse et des planches originales de bandes dessinées.

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