Entrée dans le surréalisme
Maurice Henry, dès le lycée, pratique la caricature humoristique, ce qui lui permettra plus tard une carrière de dessinateur de presse, exercée en parallèle de ses activités de peintre et de poète. En 1926, il rencontre les membres de la société initiatique les « Phrères simplistes », Roger Vailland, Roger Gilbert-Lecomte et René Daumal. Les jeunes gens fondent ensemble un groupe nommé Le Grand Jeu, qui publie une revue éponyme. Maurice Henry y écrit et y publie ses dessins, tout en entrant au Petit Journal. À l'initiative d'André Breton, Le Grand jeu se rapproche du mouvement surréaliste, mais Breton s'efforce vite d'affaiblir la cohésion du groupe. En 1932 le Grand Jeu éclate, et Maurice Henry rejoint le mouvement surréaliste (1933). Il participe alors à la revue "le Surréalisme au service de la révolution".
Collaborations artistiques
Henry trouve sa place dans le groupe grâce à son esprit inventif et son humour. Il participe à la plupart des expositions surréalistes dès 1933, dont celle intitulée Sculptures-Objets-Peintures-Dessins,à la galerie Pierre Colle (Paris)où il expose 9 dessins. Lors de l'exposition que la galerie Charles Ratton consacre en 1936 aux objets surréalistes, Henry expose un Hommage à Paganini, un violon en réduction entouré de bandes velpeau. Il se met à réaliser des "dessins automatiques", où il explore le procédé de création surréaliste consistant à laisser le subconscient guider la main.
Il participe au livre "Trajectoire du rêve" composé de documents recueillis par André Breton, qui parait en 1938.
L'après-guerre
Après la Seconde Guerre Mondiale, Maurice Henry continue sa collaboration avec Artür Harfaux, avec lequel il avait fondé en 1939 les Gagmens associés. Jusqu'en 1951, ils créent les dialogues ou les scénarii de près de vingt films, dont les Aventures des Pieds-Nickelés en 1948. Parallèlement, Maurice Henry continue d’évoluer au sein de la mouvance surréaliste et en 1947, il réalise un film expérimental intitulé "La revanche des cie dans lequel il met en scène des images troublantes et des objets du quotidien vus sous des angles oniriques.
À la même époque, il travaille avec Roberto Matta pour des projets d’illustration, jusqu'à l'exclusion de celui-ci, tout en poursuivant sa carrière dans le dessin de presse. Ses dessins sont entre autres publiés dans "Le Canard enchaîné". Il produit des dessins d'humour « décapants, cocasses, où la sagesse du trait était victime d’un véritable détournement vers l’absurde et la cruauté », ( Bruno Frappat, nécrologie de Maurice Henry dans Le Monde).
Œuvre picturale
Maurice Henry a développé un style pictural propre, combinant les diktats surréalistes avec les touches d’humour noir et d’ironie qui lui sont propres. Ses toiles, d'après-guerre, "Le Rêve de la matière" (1953) et "L’œil invisible" (1962), sont presque des compositions abstraites mais où le symbolisme surréaliste reste présent. En 1960, il commence à réaliser ses "froissures" tableaux sculptures en papier froissé.
Les œuvres de Maurice Henry sont exposées lors de nombreuses manifestations collectives. C'est en 1941 qu'a lieu sa première exposition personnelle, : Le Rêve et le Rire, à la galerie La Peau de chagrin. Jean Cocteau ecrit la présentation du catalogue. En 1959, l'artiste participe à l'Exposition Internationale du Surréalisme à Paris organisée par André Breton et Marcel Duchamp à la Galerie Daniel Cordier à Paris. Maurice Henry expose aussi avec Victor Brauner et Jacques Hérold, à la galerie Maeght à Paris. En 1964, il participe à l'exposition Le Surréalisme, à la galerie Charpentier.
Henry illustre aussi plusieurs livres dont le remarquable livre de Luc Etienne, l'Art de la charade à tiroirs, édité par Jean Jacques Pauvert en 1965.
Les dernières années
Maurice Henry est resté fidèle à l'esprit surréaliste tout au long de sa carrière, qu'il introduit dans tous les domaines artistiques qu'il a exploré, le cinéma, la poésie, l'illustration, la mise en scène de théâtre, etc. Mêmes ses activités plus commerciales de dessinateur humoristique sont marquées de cette empreinte. En 1975, une rétrospective de son œuvre a lieu à la Galerie Artcurial à Paris, témoignant de son influence au sein du mouvement surréaliste. En 1981, ses œuvres sont incluses dans l'exposition collective consacrée par le Centre Pompidou au surréalisme. En 1983, Henry expose à Milan, ville où il s’était installé, présentant ensemble ses œuvres surréalistes et ses dessins humoristiques.
Il décède d'une crise cardiaque en 1984 à Milan, laissant derrière lui une œuvre polymorphe et fascinante. Pour en savoir plus, consultez la biographie détaillée de Maurice Henry sur le site qui lui est consacré.