La pyramide II

Des papiers de fond aux valeurs grises et noires mettent en place une pyramide sombre, vue de l'intérieur. Des éléments mi-architecturaux mi-minéraux se rejoignent de l'intérieur à l'extérieur de l'édifice.

Comme pour les deux autres collages présents sur le site, Escalier et Pyramide I, Parvine Curie utilise des photographies de ses sculptures. Elle les photocopie puis tire et retire le résultat, jusqu'à disposer d'une gamme de papiers mats allant du noir à toutes les gammes du gris. Les superpositions de papiers découpés permettent à l'artiste de jouer sur la notion de profondeur. Ici, le volume de la pyramide noire est exécuté en papier grainé recouvert sur les deux arêtes du triangle par des photocopies noires au mat profond. Par ce parti pris, Parvine Curie nous dévoile le contenu de la pyramide perçu de l'intérieur.

L'extérieur de la pyramide est figuré par un papier gris grainé, du même grain que l'intérieur de la pyramide, pour amplifier la correspondance dedans/dehors, intérieur/extérieur qui est la raison de cette œuvre. Sur cette base, Parvine Curie stylise des blocs de pierre placés à l'intérieur ou à l'extérieur de l'édifice. Ces blocs ne sont pas figurés sur le même plan, mais ils se rejoignent par la composition. À travers ce passage, l'artiste les fait changer d'état : à l'intérieur, les blocs sont érigés, ordonnés en une masse construite. À l’extérieur, ils sont devenus de simples pierres renversées.

L'impression étrange que nous transmet cette œuvre prend tout son sens lorsqu'on réfléchit à ce que veut dire cette composition. Elle montre une construction élaborée, de forme quasi humaine, qui se retrouve bien protégée à l'intérieur de la pyramide, mais abîmée par le temps ou les intempéries par l'action de l'extérieur. Le message envoyé joue avec des réflexes inscrits dans la nuit des temps, se cacher à l'intérieur, se protéger dans l'obscurité. Ce travail est une préfiguration du collage Pyramide II que l'artiste réalise deux ans plus tard. Il y a entre ces deux réalisations un passage de l'ombre à la lumière, de la matière solide à un espace aérien, du danger de l'exposition à sa nécessité solaire.