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Nous sommes tous confrontés tôt ou tard à une œuvre dont nous ne savons que penser. Une œuvre incompréhensible… Spontanément, notre première intention sera de passer notre chemin ou peut-être plus souvent encore, de juger cette œuvre sans intérêt, voire carrément lamentable. Et pourtant, ce sont sans doute ces œuvres qui méritent toute notre attention : probablement porteuses d’une originalité inédite, elles peuvent nous permettre de découvrir de nouveaux courants artistiques et enrichir ainsi notre rapport à l’art et au monde. Comment alors s’y prendre pour trouver un sens à une œuvre ?

En préambule, découvrez sur le site d'Almanart des clés pour comprendre l'art et des conseils pour observer une exposition.

Mettre de côté ses a priori – au moins le temps de regarder l’œuvre

Accepter de prendre le temps de regarder l’œuvre avec un œil neuf, vierge de tous nos automatismes mentaux et goûts habituels est la première étape de cette quête de sens. Éviter les réactions spontanées de rejet telles que : « Mouais, c’est du « Naïf », non ? » ; « Tu sais moi, les sanguines… » ; « Un enfant de 5 ans aurait pu peindre ça ! » etc. Alors lancez-vous dans la découverte de l’œuvre en l’appréhendant comme s’il s’agissait du coup d’envoi d’une nouvelle aventure artistique, comme s’il s’agissait d’un jeu de piste.

S'essayer à décrire l'œuvre

Cette astuce vous paraît simpliste ? Et pourtant, pour s’approprier une œuvre dont on n’a pas la clef de lecture, la description est l’étape indispensable ! En se prêtant sérieusement à cet exercice, on constate très vite que nous croyons avoir VU ce que nous avons en fait EFFLEURÉ du regard. Décrire l’œuvre figurative, c’est décrire les différents éléments du sujet et leur organisation dans l’espace.

Apathie de Lucien LAURENT-GSELL 

Une jeune femme se dépouille de ses vêtements face à une esclave noire qui dépose des instruments de chirurgie sur le sol. Décrire l’œuvre abstraite, c’est décrire les différents types de forme et couleurs.


Abstraction 1 de Edgar STOEBEL

Grands aplats de couleur. Forme blanche nuageuse ou écumante au milieu d’un fond bleu de ciel ou de mer. Qu’elle soit figurative ou abstraite, décrire une œuvre, c’est aussi donner les réponses à des questions telles que :

  • Quel est son format ? Petit, grand, rectangulaire, carré…
  • Comment l’œuvre est-elle présentée/composée ? Verticalement, horizontalement, avec quel type de cadre...
  • Comment est la matière ? Épaisse, lisse, granuleuse, travail au couteau…
  • Comment la lumière est-elle utilisée ? Clair obscur, rayons diffus, lumière d’atelier, plein air…

Lire les informations techniques

Dans le cadre d’une exposition virtuelle ou non, les informations qui nous sont fournies sont précieuses. Titre, dimensions, technique et date sont autant de données qui complètent la description de l’œuvre que nous venons de faire. Elles sont révélatrices de l’intention de l’artiste et du sens de l’œuvre au regard de l’époque pendant laquelle elle a été réalisée.

Être à l’écoute des émotions ressenties

Les deux étapes précédentes ont obligatoirement influencé notre appréciation de l’œuvre, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Notre regard sur l’œuvre ayant changé, il convient alors pour achever cette quête de sens, de mettre des mots sur cette évolution :

  • Que ressentez-vous maintenant face à cette œuvre ?
  • Face à une émotion négative, demandez-vous si l’artiste n’a pas intentionnellement ou inconsciemment voulu la susciter et pourquoi ?
  • Qu’est-ce que ces émotions ressenties vous apprennent sur vous ?
  • Pensez-vous que cette œuvre relève du domaine de l’imaginaire, de la contestation, de la réflexion… ?

Exposez une même œuvre à dix visiteurs différents et vous obtiendrez dix interprétations différentes de cette même œuvre. L’art n’est pas soumis à une vérité universelle, officielle. Chacune de ces opinions sera donc pertinente si elle s’appuie sur une observation juste et sincère.

S’intéresser à la démarche et au parcours de l’artiste

La vie, les expériences personnelles amènent l’artiste à porter un regard sur le monde qui lui est propre et qu’il restitue dans ses œuvres. Sa culture, son rapport à ses contemporains, sa position au sein de la société sont autant de facteurs qui influencent son travail.

Alberto IBANEZ : est un photographe né en 1961 à Oaxaca. Il est considéré comme un « socio-anthropologue de l'image » car il cherche à saisir à travers son œuvre les continuités et les mutations du monde contemporain. Ses photographies expriment le regard d'un Mexicain sur le monde. Il dit de son travail : « {Mon} but est de traduire ce que je vois, que les gens puissent percevoir à travers mes portraits la situation réelle, que l'image dise le mode de vie qui est celui de ces autres humains.»

Vous allez peut-être vous récrier sur le temps que prend toute cette démarche. Voici donc quelques astuces pour effectuer rapidement ces recherches:

  • sur notre site Les Atamanes : pour chaque oeuvre, vous trouverez une rubrique Description et une rubrique « Qu’en dire ? » ainsi qu’une biographie de l'artiste,
  • les textes de présentation des expositions et leurs catalogues regorgent d’informations qui vous aident à vous approprier les œuvres exposées,
  • les monographies (livre consacré à un seul artiste) et les livres d’art vous donneront des éléments de réflexion et de contexte

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